Les nouvelles du plan de la Russie de fournir à la Syrie des systèmes de défense aérienne S-300 avancés ont provoqué une frénésie de réactions dramatiques décriant la « restriction » potentielle de la capacité de l’armée de l’air israélienne à opérer dans le ciel syrien,  crise diplomatique entre Israël et la Russie et prédiction du retranchement militaire iranien non contrôlé en Syrie.

Bien que nous ne puissions pas faire toute la lumière sur la nouvelle réalité vis-à-vis de la Syrie, sur le danger que représentent les S-300 pour les avions israéliens et la montée du pouvoir régional iranien, il serait sage de garder la question proportionnée.

En regardant de l’extérieur, on pourrait penser qu’Israël a subi un coup militaire majeur dont il ne peut pas se remettre.
Ce n’est certainement pas le cas.

L’IAF (Israeli Air Force) a tiré les leçons de la guerre de 1973 à Kippour, quand elle a été ravagée par les tirs antiaériens égyptiens et syriens. 9 ans de planification et d’entrainements méticuleux ont préparé l’aviation israélienne et les résultats ont été constatés le quatrième jour de la première guerre du Liban en juin 1982 quand Israël a anéanti les défenses aériennes syriennes qui comprenaient des missiles Sam 2,3,6 et 8 et tous les canons anti aériens.
80 avions syriens ont par ailleurs été abattus dans les combats aériens qui ont suivi les deux jours suivants.

La Syrie a été stupéfaite, d’autant plus que les opérations israéliennes ont révélé la faiblesse de ses défenses aériennes de fabrication russe.

La Russie tente actuellement de mettre à niveau ses capacités militaires à un niveau opérationnel comparable à celui des forces de l’OTAN.
Compte tenu de cet effort, Moscou peut-elle se permettre d’attaquer et de perdre contre l’armée de l’air israélienne?

Se pourrait-il que les 200 frappes de l’armée israélienne sur les actifs iraniens en Syrie depuis 2017, qui ont pénétré dans les défenses aériennes syriennes soutenues par la Russie et qui n’ont coûté qu’un avion de chasse à Israël, ne montrent pas clairement que  les capacités de l’aviation israélienne n’ont pas baissé mais au contraire augmenté au cours des 36 dernières années?

Il faut aussi se demander pourquoi les décideurs russes insistent pour blâmer Israël alors que ce sont  les défenses aériennes syriennes qui ont abattu leur avion la semaine dernière, au lieu d’examiner sérieusement si la chaîne de déconfliction israélo-russe fonctionnait comme elle le devrait. (chaîne qui permet de reconnaître un avion ami/ennemi)

Quelle est la particularité des missiles sol-air S-300 qui font paniquer tout le monde? Certains experts  font croire que ce système, mis au point dans les années 1970, fait trembler les pilotes israéliens et que nos décideurs perdent le sommeil. Est-ce vraiment le cas?

Le système S-300 n’a jamais été testé sur le champ de bataille. Bien qu’il puisse engager des dizaines de cibles simultanément et qu’il ait une portée de 200 kilomètres, ses modèles les plus récents ont été produits en 1992.

L’IAF étudie ce système depuis longtemps, tout comme d’autres forces aériennes occidentales. La réponse à cette menace a été développée avec la même intelligence et la même détermination qui ont caractérisé les opérations passées.  Aucune force aérienne ne permettrait une telle menace sans concevoir plusieurs éventualités, et même les Russes le comprennent.

L’IAF est plus que prête à faire face à cette menace et les experts paniquent pour rien.

La vente à la Syrie des missiles S-300 survient de manière inattendue à cause d’un incident tragique et inattendu, mais cet accord – s’il a effectivement lieu – n’est motivé que par des questions d’argent et la monnaie que la Syrie paiera avec de la monnaie iranienne.

La seule question que l’on doit  poser aux Russes, c’est pourquoi ils croient que donner à la Syrie un système anti-aérien amélioré rendrait les avions russes volant dans un ciel syrien plus sûr. La Syrie pourrait un jour utiliser ce système contre la Russie elle-même.

Source

Gabi Avital est un expert en ingénierie aéronautique et spatiale