Les confessions d’une djihadiste bretonne partie en Syrie

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Elle s’appelait Emilie König.


Désormais, elle se fait appeler Ummu Tawwab, son nom de combattante pour l’EI.

La sociologue Agnès de Féo, dans le cadre de ses recherches sur le port du voile intégral, l’avait rencontrée en mai 2012. Juste avant son départ pour rejoindre les rangs de la cause de l’EI en Syrie.

Emilie König s’était fait connaître en 2013, au travers d’une vidéo sur les réseaux sociaux où elle s’entraîne au tir au fusil à pompe, vêtue d’un niqab noir, sa « deuxième peau », au cri de « Allahu akbar » (Dieu est [le] plus grand).

Dans le reportage exclusif d’Agnès de Féo, Emilie l’accueille chez elle, lui prépare des crêpes, puis change de ton.

 Son voile intégral, elle ne le porte que depuis son interdiction par la loi, en 2010, ce qui pourrait traduire selon le sociologue Michel Wievorka, « un désir de revanche » sur une société qui la rejette, et réciproquement.

Emilie relate ensuite un contrôle policier qui se serait mal passé, alors qu’elle se rendait en mairie pour régler la facture de la cantine de ses enfants, sous son voile intégral : « une policière m’a palpée violemment et même les parties intimes […] j’ai été humiliée, je me suis sentie sale », confie-t-elle à la sociologue.

« Je suis respectueuse, pourquoi on ne me respecte pas ? « , demande-t-elle, et elle ajoute : « Je ne supporte plus les gens ».

La jeune femme avoue également ne pas se rendre aux urnes pour les élections, arguant que « les politiques sont contre les femmes musulmanes, contre nous, les musulmans ».

Abandonnée par son père, convertie à l’islam à 17 ans, Emilie est barmaid lorsqu’elle se marie avec un individu proche du milieu de la drogue, dont elle divorcera pour violences conjugales.

Seule avec ses deux enfants, la jeune femme indique dans le reportage vouloir partir au Yémen avec eux, mais finira par les laisser en France pour partir en Syrie, dans la logique d’abnégation voulue par le djihad.

Aujourd’hui, Emilie « Ummu Tawwab » König est depuis fin 2015 la première femme djihadiste sur la liste noire des terroristes internationaux établie par les autorités américaines.

Elle est considérée comme l’une des plus actives recruteuses de l’organisation EI. A son actif, plus de deux cents Françaises enrôlées dans les rangs de Daech.

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