La palestinisation de l’UNESCO, par Bat Ye’or

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En janvier 1981, le Sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) tenu à la Mecque déclarait : «la Palestine doit être considérée comme la question prépondérante au sein des nations musulmanes». Depuis lors, l’Europe s’est hâtée d’adopter cette perspective et de palestiniser ses domaines sociaux, culturels et par-dessus tout politiques.
Pendant trois décennies, l’Europe obéit de manière servile à l’OCI. Elle a ainsi efficacement créé un problème qui la ronge et la détruit. L’Union Européenne a fait de la Palestine l’axe de sa politique, la transformant en un symbole de paix et d’harmonie universelle dans un monde qui aurait méconnu la notion même de justice avant son avènement. Le seul obstacle à cet Eden est le machiavélique Israël, oppresseur et usurpateur d’une Palestine, victime à la fois pure et pacifique, symbole de la justice universelle à venir.
L’Europe n’ose pas encore utiliser la force armée contre Israël dont elle prétend défendre l’existence tout en le gratifiant de ses conseils suicidaires. Non, elle combat Israël à l’aide des armes infâmes du régime nazi : la délégitimation de son existence, le rapt de son histoire, la diffamation par la propagande, la haine, et les tentatives de détruire son économie à travers le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS). Afin d’atteindre ses objectifs, elles encourage la campagne internationale d’incitation à la haine en finançant des ONG anti-israéliennes et des lobby. L’Europe prétend que l’existence des Juifs sur leurs terres ancestrales de Judée et de Samarie constitue une «occupation», une colonisation. De ce point de vue, Israël est devenu un pays qui occupe ses propres terres historiques. De la Judée, dans leur langage orwellien, les propagandistes parlent comme d’une «occupation israélienne de la terre de Palestine» mais jamais ils ne parlent du nettoyage ethnique et religieux de ces Juifs chassés de leur patrie et des pays arabo-musulman par les guerres, les expulsions, les dépossessions de biens et le traitement déshumanisant des lois d’apartheid de la dhimmitude. Les euro-jihadistes évoquent plus facilement la «résistance palestinienne» que la réalité du terrorisme qui à recouvert toute la planète. L’Union Européenne a utilisé tous les stratagèmes pour forcer Israël à s’auto-détruire au nom de la Palestine. Cette destruction ouvrirait une ère de «justice et de paix » dans le monde de la même manière que les charniers d’Auschwitz visaient à purifier l’humanité des Juifs.
Que signifie la palestinisation ?
Premièrement, cela signifie la création d’un peuple en tant que substitut d’Israël qui s’empare de son histoire et par conséquent de sa légitimité. De la palestinisation (comme du régime nazi deux décennies auparavant) vient la délégitimation d’Israël, Etat intrus dans la région et dans l’histoire, et même dans l’humanité. La palestinisation nie à Israël son identité, sa culture, ses droits humains et historiques à l’intérieur de son foyer national incluant la Judée, la Samarie et Jérusalem. Pour l’OCI, ce processus s’intègre à la théologie islamique réduit la Bible à une version falsifiée du Coran. D’après l’Islam, l’Histoire biblique constitue en fait l’Histoire islamique et les personnages bibliques que nous voyons représentés dans les églises sont tous des prophètes musulmans qui n’ont virtuellement aucune connexion avec les faits rapportés dans la Bible.
Ce contexte explique l’islamisation des héritages religieux Juifs et Chrétiens, une approche qui implique le déni de l’identité des deux religions puisque la Chrétienté se considère comme issue du Judaïsme dont elle a adopté les Ecritures. Si la Bible est un récit islamique, la Chrétienté et non le Judaïsme seul, sont tous deux des falsifications de l’Islam. Cette négation de l’Histoire biblique à laquelle s’est assidument associée l’Europe en qualifiant Israël d’intrus colonisateur sur ses propres terres, est un défi aux droits historiques des Juifs dans leur patrie. Mais c’est aussi une négation de l’Histoire chrétienne qui, confirmant l’interprétation coranique, réfute du même coup la Torah et les Evangiles.
Par conséquent, s’il n’y eut jamais d’Histoire d’Israël ni d’Evangiles mais seulement l’histoire d’Ibrahim, d’Ismaël, d’Issa (Jésus dans sa version coranique) — si tous les rois et prophètes bibliques avaient été musulmans, dans quoi s’enracine donc l’Occident ? Ne serait ce pas dans le Coran ? C’est la conclusion logique de l’Europe lorsque furieuse du retour des Juifs à Jérusalem en 1967, elle nia le statut de capitale historique de cette ville. L’Europe attribue cet héritage à ceux qui par une guerre d’invasion l’avaient illégitimement occupée depuis 1948, expulsant et dépossédant de leurs biens ses habitants Juifs. En résumé, si les Israéliens sont des colons ou des occupants cela signifie qu’ils n’ont ni passé ni Histoire et que le Judaïsme n’est qu’un tissu de mensonges ce qui s’applique aussi à l’Occident. Si Israël n’a jamais existé dans le passé alors sa restauration dans sa version moderne n’est qu’une supercherie colonialiste visant à conquérir des territoires sur lesquels il n’a ni droits historiques ou religieux ni revendications culturelles, et sa destruction est pleinement justifiée. Mais si l’Histoire témoigne du contraire, alors l’Europe devient volontairement responsable d’un abominable crime de génocide en anéantissant l’existence du passé d’un peuple afin de lui ôter sa légitimité actuelle, ses droits humains religieux, culturels et historiques. Cette politique criminelle se reflète dans la participation organisationnelle autant que financière des nations européennes et de la Commission européenne à la campagne internationale d’incitation à la haine visant au démembrement d’Israël.
L’ancrage palestinien dans le nazisme : la dé-judaïsation de la chrétienté
 
Dans ce contexte, la déclaration de Kairos Palestine de 2010 qualifie Israël d’occupant d’une terre arabe, de colonisateur, de promoteur de l’apartheid ; à l’inverse les Palestiniens sont d’innocentes victimes résistant à l’occupation et aspirant seulement à la paix, la justice et la sécurité. La déclaration de Kairos, sans surprise condamne la théologie chrétienne qui est basée sur la Bible ou sur les faits bibliques ou sur toute histoire légitimant Israël. Comprenne qui pourra ; que reste-t-il de la théologie chrétienne, de la foi, ou de l’histoire, si l’on se débarrasse d’Israël dans la Bible ? Se pourrait-il que les Palestiniens chrétiens soient des Nazis camouflés qui comme eux voulaient dé-judaïser la Bible ? Le texte se termine par un appel à tous les peuples, entreprises ou Etats à participer à la campagne BDS contre Israël. Cette requête est en concordance totale avec les préconisations de l’OCI et conforme aux vues des premiers dirigeants européens qui sont également responsables de la situation eurabienne actuelle.
Quelles sont les conséquences du choix d’Al-Qods – c’est à dire d’une Jérusalem musulmane – par l’Europe pour son identité, pour évaluer sa propre histoire et sa politique d’immigration ?
L’Europe qui a choisi Al-Qods et rejeté Jérusalem a en fait rejeté sa propre identité fondamentale. Elle nie la Bible qui n’est pas seulement un texte religieux établissant un certain nombre de valeurs universelles mais aussi, pour les Chrétiens une chronique de l’avènement de Jésus et de la Chrétienté qui en sont les points culminants. S’il n’y avait pas eu de peuple Juif ni d’Histoire ni de Géographie Biblique, il n’y aurait pas eu de chrétienté non plus. Dans cette perspective le Judaïsme et la Chrétienté ne sont que d’énormes aberrations, et seuls demeurent valides le Coran et le Jésus musulman dont la mission eschatologique est la destruction de la Chrétienté.
Le choix d’Al-Quds remplace la Bible par le Coran. L’Europe sait que l’OCI a décidé de déplacer son quartier général de Djeddah à Al-Qods. L’OCI est considéré comme l’institution la plus adéquate pour représenter le Califat mondial avec sa mission d’ancrer l’Oummah universelle dans le Coran et la Sunna. Quelle église pourrait rester à Al-Qods ? En cherchant à détruire Israël, l’Eglise est en train de détruire sa propre existence.
Avec un tel de désaveu de ses racines, peut-on encore être surpris que l’Europe ait bradé ses citoyens sur son propre territoire ? De la même manière, l’Union Européenne n’a cessé de harceler Israël et de remettre en question ses origines et ses droits, elle a assigné devant un tribunal les Européens courageux qui ont affirmé leur identité, leurs droits et leur liberté. Le lien politique entre l’OCI et l’Union Européenne n’apparaît pas seulement dans le contexte du conflit arabo-israélien mais aussi dans la politique interne de l’Europe en ce qui concerne l’immigration musulmane massive commencée dans les année 1974-75. C’est alors qu’a été mise en place l’Association Parlementaire pour la Coopération Euro-Arabe chargée de transférer les demandes de la Ligue Arabe vers les pays de la Communauté Européenne et de suivre leur exécution en Europe.
Transposant sa politique anti-israélienne en Europe, l’Union Européenne veut faire table rase des droits nationaux historiques et des privilèges des Etats nations souverains pour pouvoir transférer aux Nations Unies – dominées par l’OCI – la gouvernance mondiale des droits humains. Les droits fondamentaux des Européens tels que la sécurité, la liberté d’expression et la connaissance de leur Histoire sont désapprouvés, rejetés et combattus par l’OCI sous l’apparence de la lutte contre l’islamophobie et de requêtes véhémentes pour une Europe multiculturelle. Enraciné dans la civilisation du jihad et de la dhimmitude l’OCI impose ses propres normes, utilisant pour cela l’Union Européenne comme relais, dans son nouvel empire occidental. Ainsi, alors que l’Europe s’enorgueillie de la création d’une gouvernance humanitaire universelle, sur la scène internationale l’OCI impose un ordre coranique des droits humains.
En répudiant Israël, l’Union Européenne se répudie elle-même. Elle met l’accent sur son héritage gréco-romain éliminant le second, judéo-chrétien, pour plaire aux immigrants musulmans. En agissant ainsi l’Europe élimine ses fondements juifs comme si la chrétienté avait surgi du néant. Cette répression des identités est une concession de plus à l’Islam, hostile dans son essence aux Juifs et aux Chrétiens, problème qui n’a jamais été reconnu ni combattu. Jeter le Judaïsme (Israël) et la Chrétienté (l’Occident) dans les poubelles de l’histoire équivaut à supprimer les droits humains, historiques, religieux, culturels et nationaux des Juifs et des Chrétiens. Cela signifie adopter la dhimmitude.
Eurabia et le Palestinisme proviennent du même rejet, de la même politique appliquée à la destruction des Etats-Nations et ils expriment l’esprit et la culture des peuples condamnés à l’extinction pour satisfaire une utopie humanitaire globalisante. Leurs points communs sont : (1) la guerre contre Israël ; (2) la dé-judaisation de la Chrétienté ; (3) la dé-christianisation de l’Europe ; et (4) le lien politique Union Européenne-OCI visant à renforcer la gouvernance globale des Nations Unies que l’OCI monopolise. Cette approche suicidaire est spécifique à l’Europe; elle n’existe ni en Chine, ni en Inde ni dans les pays musulmans.
Lors des révoltes anarchiques du « Printemps Arabe » (Mars 2011), les Etats-Unis et la plupart des pays européens conduits par la France et son ministre des Affaires Etrangères, Alain Juppé, se sont impliqués dans des conflits tribaux arabes et africains, invoquant le « droits d’ingérence » et le « droit de protection ». Ces droits sont toutefois appliqués sélectivement et ne sont jamais invoqués pour protéger les chrétiens en Egypte, Irak, Turquie, Algérie, Soudan, Nigéria, Bangladesh, Indonésie, ou au Pakistan. Pas plus qu’ils ne sont invoqués lorsque des marins sont arbitrairement pris en otage par les Somaliens. L’Europe trouverait tout à fait grotesque ou indécents d’invoquer ce type de droits contre la diffusion de haine anti-israélienne appelant à l’extermination des Juifs et contre le déluge de roquettes lancées depuis Gaza sur Israël ou contre les crimes hideux de ses alliés palestiniens et « protégés » contre les civils israéliens. Elle n’a pas non plus réagi lors de l’islamisation des lieux saints du judaïsme et de la chrétienté à Hébron par l’UNESCO obéissant aux ordres de l’OCI. Cependant cette approche ouvre une brèche sérieuse dans les droits historiques et religieux des Juifs et des Chrétiens et contredit la définition occidentale des droits humains.
La reconnaissance de la Palestine par l’UNESCO est un signe avant coureur, à l’échelle mondiale, de l’islamisation des racines historiques et spirituelles du Christianisme et du Judaïsme et confirme l’assertion coranique que l’Islam précède et domine ces deux religions.