L’ONU et Israël : deux poids, deux mesures ? par Gilles William Goldnadel

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L’avocat et écrivain* dénonce le silence de la presse sur, selon lui, l’acharnement de l’instance internationale vis-à-vis de l’État juif.

La Cour pénale internationale est-elle raciste ?

Cette question a été posée dans un quotidien du soir il y a quelques jours. Le contexte était les poursuites – pour l’heure très platoniques –contre le président soudanais pour génocide au Darfour. Suivait une réflexion étonnée: la plupart des poursuites contre les chefs d’État concernent l’Afrique.

Il me paraît aussi inconcevable que tristement significatif que ni ce journal français ni un autre ne manifestent la même curiosité intellectuelle devant le sort ancien, permanent, incontestable, réservé par l’ensemble des organisations internationales au seul État juif.

Je veux écrire encore que ce traitement particulier, relevant de la cérémonie rituelle, m’a toujours fait défense de sombrer dans la justification empressée des actes d’une nation ou d’un gouvernement forcément faillibles et critiquables par nature, mais sommés de s’expliquer constamment.

Quelques mots pour décrire une situation jamais exposée dans la presse hexagonale :
Depuis la création en 2006 du Conseil des droits de l’homme de l’ONU jusqu’à aujourd’hui, l’État juif, à lui seul, a fait l’objet de plus de condamnations (61) que l’ensemble de toutes les nations réunies (116). La Syrie d’Assad a été condamnée 15 fois, la Corée du Nord, qui affame son peuple, à 8 reprises ; l’Érythrée tellement effrayante que ses habitants la fuient en masse, 3 fois ; le Soudan génocidaire, 2 fois ; la Turquie qui détient le record d’emprisonnement de ses journalistes et qui occupe Chypre depuis 1974, jamais. Cette situation surréaliste a contraint la représentante d’une Administration Obama, peu suspecte de complaisance aveugle envers l’État hébreu, de déclarer : «L’acharnement du Conseil vis-à-vis d’Israël dont les faits et gestes sont systématiquement à l’ordre du jour ne s’applique pas aux autres pays, même à ceux qui perpètrent les pires violations contre les droits de l’homme.»

Le juge Richard Goldstone fut chargé par l’ONU d’enquêter sur les crimes de guerre qu’aurait commis Israël lors de l’opération « Plomb durci » en 2009 contre le Hamas. La presse internationale a fait ses choux gras des premières conclusions du magistrat, sévères à l’encontre de Tsahal. Stéphane Hessel, dans son fameux best-seller planétaire, s’en est délecté.

Mais coup de théâtre, le 1er avril 2011, le juge Goldstone fait son mea culpa dans le Washington Post :
« Nous en savons bien plus aujourd’hui sur ce qui s’est passé durant la guerre de Gaza. Il n’y a aucun doute que des crimes délibérés ont été commis par le Hamas, qui utilisait des boucliers humains. En revanche, concernant l’État juif, qui a le droit de défendre ses citoyens contre les attaques venant de l’extérieur et qui a consacré d’importants moyens pour enquêter sur des incidents, il n’y a pas eu de politiques ciblant intentionnellement
les civils. »

Qui peut soutenir sérieusement que le revirement du juge a reçu en Europe la publicité nécessaire ?
Nouvelle offensive du Hamas durant l’été 2014, qui lance des bordées de missiles sur les villes Israéliennes, parfois en utilisant des écoles de l’ONU.

Riposte de Tsahal. À nouveau l’organisation internationale missionne une commission d’enquête présidée par l’expert William Shabas.

Israël conteste cette nomination. Haussement d’épaules de l’ONU et des médias internationaux. Quelques mois plus tard, William Shabas, convaincu d’avoir était payé par l’Autorité palestinienne, est contraint de démissionner. Combien de lecteurs l’ont-ils appris dans la presse européenne ?

Avant lui, Richard Falk, rapporteur spécial de l’ONU sur la Palestine, lui aussi largement encensé, bien que friand de comparaison entre les Israéliens et les nazis, avait été poussé vers la sortie pour avoir publié sur son site Facebook une caricature antisioniste. Ce fait, pourtant non dénué d’intérêt pour une presse gourmande de ce genre d’événements, n’a fait l’objet d’une publicité excessive.

À vrai dire, je ne sais tout à fait où se situe le centre du scandale. Au sein de la corruption financière et morale de l’organisation internationale, ou dans le silence effrayant des médias qui considèrent désormais que l’anormalité du sort réservé à l’État juif est devenue la norme ?

Mon propos n’est pas de geindre mais de tenter d’expliquer que tant que cette situation perdurera, il ne faut pas attendre de l’État qui en est la victime de sortir d’un sentiment obsidional, qui n’a rien de paranoïaque.

À se demander cependant si, comme Jupiter, les dieux de Manhattan ne voudraient pas rendre fou l’État qu’ils veulent perdre.

* Président de l’Association
France-Israël

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel.