« Si le Juif n’existait pas, l’antisémite l’inventerait », Jean-Paul Sartre, Réflexions sur la Question Juive (1944).
Les thuriféraires du boycott contre Israël répètent à l’envie que leurs actions ne visent que la politique de l’Etat d’Israël vis-à-vis des palestiniens.
C’est faux.
Le mouvement BDS vise le sionisme comme mouvement politique de création d’un Etat par les juifs pour les protéger de l’antisémitisme. Ce faisant, il vise l’Etat d’Israël en tant que tel.
Les déclarations de certaines figures du BDS sont tout à fait claires :
- As’ad Abu Khalil, professeur de droit et activiste de BDS aux Etats-Unis (2012): « La justice et la liberté pour les palestiniens sont incompatibles avec l’existence de l’Etat d’Israël ».
- Ahmed Moor, journaliste pro-BDS : « OK, Très bien. Le mouvement BDS signifie la fin de l’Etat Juif…. »
Or, remettre en cause l’existence même de l’Etat d’Israël – compte tenu de sa spécificité – ne peut s’analyser autrement qu’au travers du prisme de l’antisémitisme.
A défaut, la « société civile » qui s’émeut tant de la cruauté israélienne dénoncerait également les exactions arabo-palestiniennes.
Tant qu’Israël n’est pas concerné, la communauté internationale reste parfaitement indifférente au sort des Palestiniens
Ne rêvons pas.
- 2006-2007: 600 membres du Fatah sont exécutés par le Hamas ;
- 2013: le gouvernement libanais refuse l’entrée des réfugiés palestiniens fuyant les combats en Syrie ;
- Novembre 2014 – Janvier 2015 : plus de 2000 habitations palestiniennes de Rafah sont rasées par l’Egypte pour l’établissement d’une zone tampon à sa frontière ;
- Avril 2015 : les palestiniens du camp de Yarmouk en Syrie sont décimés tant par Assad que par l’EI;
- Actuellement plusieurs dizaines de prisonniers politiques palestiniens sont illégalement détenus, et torturés dans les prisons de l’Autorité Palestiniennes en Cisjordanie et du Hamas à Gaza ;
Il s’agit d’un phénomène constant. Tant qu’Israël n’est pas concerné, la communauté internationale reste parfaitement indifférente et les boycotteurs parfaitement silencieux.
C’est donc bien Israël, Etat Juif, qui est visé par les boycotteurs.
De la même façon, le retour des descendants des réfugiés palestiniens soutenus par le BDS ne signifie rien d’autre que la disparition d’Israël.
L’UNRWA estime, en effet, à 4,4 millions le nombre de descendants des réfugiés. Leur réintégration au sein de l’Etat d’Israël, et son corollaire – l’obtention de la nationalité israélienne et le droit de vote -, emporterait ipso facto la fin de l’Etat d’Israël aux prochaines élections.
Sur ce point, même les négociateurs les plus à gauche d’Ehud Barak qui avaient fait des propositions inespérées à Yasser Arafat lors des rencontres de Camp David 2 en 2000 (90% de la Cisjordanie, toute la bande de Gaza, Jérusalem-Est comme capitale d’un nouvel Etat palestinien et une compensation financière) n’ont jamais accepté ce suicide géopolitique. Yasser Arafat avait quant à lui refusé cette offre car, tout comme le BDS, ce n’est pas la politique de l’Etat qu’il visait mais l’Etat lui-même.
De façon plus pernicieuse, le mouvement BDS accentue ses campagnes sur le prétendu régime d’apartheid qui serait imposé par Israël aux palestiniens.
L’image est forte mais mensongère.
L’Apartheid était un système politique de ségrégation raciale qui devait, selon ses instigateurs, défendre le peuple blanc afrikaner face aux noirs, renvoyant au concept nazi de la pureté de la race.
A ce titre, quelques unes des principales lois d’apartheid étaient les suivantes :
- Interdiction des mariages mixtes (1949)
- Pénalisation des relations sexuelles entre Blancs et non Blancs (1950)
- Classification de la population, distinguant les individus selon leur race (1950)
- Loi sur les commodités publiques distinctes (1953)
- Interdiction aux Noirs de l’accès à la formation professionnelle (1976)
Ce sont les mêmes lois que celles appliquées par les nazis, notamment, aux juifs.
En opérant ce parallélisme, les BDS et consorts associent Israël aux pires régimes ségrégationnistes et légitimisent la haine d’Israël en tant qu’Etat fondé par le peuple Juif, et donc la haine des Juifs.
Les récentes manifestations du BDS Afrique du Sud pendant lesquelles certains manifestants criaient « morts aux juifs » en brandissant des drapeaux palestiniens et du Hezbollah ne laissent place à aucun doute. En janvier 2015, un supporter BDS anglais était photographié en train de faire apparemment un salut nazi devant un magasin tenu par des israéliens lors d’une opération de boycott. A l’Université Libre de Bruxelles en mars 2015, des étudiants juifs étaient pris à partie par des militants du BDS.
En juin 2015, le collectif israélo-palestinien « Un territoire pour deux Etats » a dû annuler un rassemblement prévu à Beit Jala (près de Bethlehem, Cisjordanie) suite aux menaces du BDS de l’empêcher de se tenir car ce meeting représentait pour eux une forme de « normalisation » avec l’Etat d’Israël.
Les exemples sont légions.
Ce n’est donc pas la politique de tel gouvernement israélien qui est visé par le BDS, c’est bien Israël et, qu’ils le veuillent ou non, consciemment ou inconsciemment, les juifs.
Et qui plus est, ce prétendu régime d’apartheid n’existe pas en Israël.
Israël est un Etat démocratique dont les citoyens, quelle que soit leur nationalité, couleur, religion, idées politiques, orientation sexuelle disposent des mêmes droits. Les arabes, les druzes, les chrétiens israéliens ont le droit de vote, sont députés, juges, hauts-gradés dans l’armée, acteurs, chanteurs, travaillent en Israël, ont le droit de se marier avec des israéliens de toutes religions, peuvent s’exprimer librement au point de souhaiter publiquement le bombardement de Tel-Aviv par le Hamas même quand ils sont députés comme Hanin Zoabi.
C’est un juge arabe, Salim Joubran, qui a condamné Moshé Katsav, ancien président de l’Etat d’Israël, à une peine de prison. Ce sont des arabes israéliennes qui ont représenté Israël à l’Eurovision et au concours de Miss Monde.
Pas un mot, en revanche, de la part de BDS sur la situation désespérante des palestiniens qui vivent au Liban, en Jordanie, en Syrie, en Egypte, qui sont enfermés et humiliés dans des camps de réfugiés par leurs « frères » arabes, qui ne bénéficient d’aucun des droits des arabes israéliens et qui sont, eux, victimes d’un véritable apartheid.
Par son outrance, sa malhonnêteté intellectuelle et les dérapages antisémites qu’il suscite, le mouvement BDS dessert la cause qu’il prétend défendre.
La « société civile », peu à peu, en prend conscience. Enfin.
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