UN PROF À UNE ÉLÈVE JUIVE: «TOUS DANS DES WAGONS»

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L’enseignant est convoqué par l’Inspection de la ville de Bruxelles. Une plainte a été déposée au parquet pour racisme et antisémitisme.

Nouvel incident d’intolérance dans un établissement scolaire bruxellois, plus inacceptable puisqu’il est le fait d’un enseignant. Lors d’un cours de mathématiques à une classe de 5e secondaire, il a fixé du regard une élève de confession juive, puis déclaré:

«On devrait tous les mettre dans des wagons.» Bien que prise de court, Sarah a néanmoins répondu au professeur qu’on «ne rit pas avec ces choses-là». Quelques instants plus tôt, le prof de math visant une élève d’origine polonaise lui a déclaré: «Tu devrais rentrer en Pologne.» Ceci en singeant l’accent allemand.

 

Les faits ont eu lieu au lycée Jacqmain, rue Belliard à Bruxelles, le 22 janvier dernier, alors que se préparaient les célébrations du 70e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, en Pologne. Les propos ont été tenus en dernière heure de cours alors que les élèves étaient, selon l’enseignant, «dissipés».

Le prof de maths a d’abord voulu se justifier, déclarant textuellement: «Je vous choque avec tous mes propos mais tout ce que vous me faites vivre tous les jours est beaucoup plus choquant.» Titulaire de cette classe, l’enseignant ne pouvait donc ignorer que Sarah (prénom d’emprunt, à la demande des parents), inscrite au cours de religion juive, était de confession israélite. En pleurs mais soutenue par plusieurs camarades choqués, Sarah a immédiatement téléphoné à ses parents qui contactaient la direction.

Le lundi 26 janvier, soit quatre jours plus tard, le prof de maths présentait à la classe ce qu’il appelle des excuses, à savoir: ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire mais s’il avait choqué certains, eh bien, alors, il s’excusait. N’acceptant pas cette réaction, Sarah s’est levée et a quitté le cours. C’est alors que le préfet a informé les parents que les choses n’en resteraient pas là. Ces derniers, ainsi que le président de la LBCA Joël Rubinfeld, ne mettent pas en cause le lycée Jacqmain. Ils parlent au contraire d’une excellente réaction de la direction.

Selon nos informations, les parents de la jeune fille de 16 ans ont déposé plainte à la police de la zone Marlow ainsi, d’ailleurs, que leur fille. Le dossier sera transmis au parquet (loi contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme). Les autorités académiques de la ville de Bruxelles (dont dépend l’établissement) sont informées depuis le 2 février. Un dossier disciplinaire est donc ouvert depuis lundi et l’enseignant est d’ores et déjà convoqué par l’Inspection de l’enseignement secondaire, qui relève de l’échevine Faouzia Hariche (PS).

«Il peut arriver qu’un dérapage survienne. Mais de la part d’un enseignant et sur un tel sujet, on ne peut pas imaginer qu’il s’agisse d’un accident», commente le papa. «La réaction de l’enseignant eût alors été de s’excuser immédiatement et de façon profondément sincère. Il n’y a rien eu de tel. Les excuses – qui n’en sont pas – ont été présentées 4 jours plus tard et après que les parents eurent réagi et informé le préfet, pas mis au courant de l’incident. L’enseignant utilisait un mot – ‘wagon’ – à la symbolique très forte. De sa part, des excuses sincères auraient consisté à rappeler ce que fut la Shoah.»

Les arrière-grands-parents de Sarah sont morts à Auschwitz où, raflés, ils avaient été conduits dans des wagons à bestiaux.

GILBERT DUPONT

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