La police et la justice savaient depuis cinq ans que le Bataclan était la cible d’un attentat, écrit l’hebdomadaire satirique.
Mais la salle de spectacle n’a fait l’objet d’aucun dispositif de surveillance particulier.
« Depuis cinq ans, la police savait qu’un groupe terroriste avait projeté un attentat suicide contre le Bataclan. La justice, et plus précisément le pôle antiterroriste n’en a pas davantage soufflé mot mais elle aussi le savait« ,
écrit le « Canard enchaîné » qui, dans son édition parue ce mercredi, s’étonne de » l’absence d’alerte et de vigilance » des autorités françaises.
L’hebdomadaire fait état d’une information judiciaire ouverte le 13 juillet 2010 pour enquêter sur le projet d’attentat qui vise la salle de spectacle – Christophe Tessier est désigné comme juge d’instruction pour cette affaire, qui fut close « par un non-lieu » le 14 septembre 2012.
A la suite de ces enquêtes, non seulement les propriétaires du Bataclan n’ont jamais été « informés ou entendus par les enquêteurs » mais par la suite, la salle n’a jamais fait l’objet d’un dispositif de surveillance particulier même quand le pays était « en alerte maximale ».
L’hebdomadaire satirique publie aussi le fac-similé d’une demande d’actes émanant de l’avocat Olivier Morice, adressée à trois juges du pôle antiterroriste. Dans cette lettre datée du 13 octobre 2014, l’avocat fait référence au dossier instruit par le juge Tessier « à l’encontre de M.Farouk Ben Abbes pour des chefs « d’association de malfaiteur en vue de préparer des actes de terrorismes (projet d’attentat contre le Bataclan) ».
Du Caire au Bataclan
Comment le nom de Farouk Ben Abbes a-t-il pu être lié à celui du Bataclan ? Pourquoi cette demande de Me Morice un an avant les attentats du 13 novembre dernier ? Le 22 février 2009 au Caire, une jeune Française, Cécile Vannier, est tuée dans un attentat. Me Morice est l’avocat de la famille Vannier. Or, après cette acte terroriste la police égyptienne avait interrogé une suspecte, une Française nommée Dude Hoxha. Celle-ci écrit dans son journal intime que son ami, Farouk Ben Abbes, avait le projet « de faire exploser le Bataclan ».
Fin septembre 2014, le juge antiterroriste Trévidic avait fait le lien entre Ben Abbes, le projet d’attentat contre le Bataclan et celui du Caire « car les mêmes suspects apparaissent dans les deux dossiers » écrit le Canard. Il fait part de ses soupçons aux avocats des familles.
Me Morice qui défend aussi aujourd’hui plusieurs victimes du Bataclan (l’enquête a mis à jours des liens entre Farouk Ben Abbes et Fabien Clain qui a revendiqué l’attaque du Bataclan au nom de Daech,) « a renouvelé le 14 décembre sa demande de jonction du dossier oublié« , ajoute le « Canard ». Une demande adressée au juge en charge du massacre perpétré au Bataclan, « un certain juge Christophe Tessier ».
Conclusions:
On connaît les terroristes potentiels fichés S .
Ils sont laissés en liberté totale.
On connaît les cibles potentielles de ces terroristes potentiels.
On ne les surveille pas plus. On ne se prépare pas pour le cas où.
Le même juge dont l’enquête fut close « par un non-lieu » le 14 septembre 2012 est chargé d’enquêter aujourd’hui.